23 avril 2010: "Photo-romance" et "Nocturne démocratie" ou quand les artistes mettent en scène la censure et l’autocensure (tendance langue de bois)

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"Avant de tourner un film, mieux vaut d’abord tourner la censure. Cette pièce est donc une sorte de mise en abîme à propos d’un processus de création et de difficultés institutionnelles, vus avec autodérision, en interaction entre plateau de théâtre et écran de projection" écrivait en juillet 2009 Michel Voiturier à propos de "Photo-romance"  de Lina Saneh et Rabih Mroué, lors de la présentation de la pièce au festival d'Avignon.

"Un écran au fond, un ordinateur portable d'un côté de la scène et deux fauteuils de l'autre. Une jeune femme vient présenter son projet de film à un censeur du gouvernement. ELLE représente l'artiste porteuse d'un projet - adapter au Liban contemporain la situation imaginée par le cinéaste italien Ettore Scola dans Une journée particulière. LUI est le conseiller extérieur chargé de valider l'originalité du projet." (Télérama) Elle doit lui expliquer en quoi le projet d’adaptation du film de Scola est original, et de plus correct, sur le plan politique, religieux et sexuel. Alors, elle lui montre des images du spectacle en préparation. "L’action se situerait dans le Beyrouth d’aujourd’hui, durant une manifestation qui, à l’instar de la grande parade fasciste qu’évoque le cinéaste italien, rassemblerait toute la ville dans les rues. « On a bien réfléchi et on en a trouvé aucune », commente-t-elle. Pragmatique, elle opte pour deux manifs opposant deux camps, situation plus conforme à la tradition de pointillisme politique libanais. Pendant cette monstrueuse pavane, une femme au foyer, d’un milieu proche du Hezbollah, envahie par ses soucis familiaux, sociaux et religieux, rencontrerait un ancien militant de gauche, en décalage avec la réalité sociale et politique d’un Liban écartelé entre des extrêmes fondamentalistes et ultra-capitalistes." (Gwénola David/La Terrasse)  La pièce est reprise jusqu'au 24 avril à La Grande Halle de la Villette.
Extrait de "Photo-romance" : link

“Dans le milieu artistique la place des colloques, rencontres et tables rondes donnent à ses acteurs et participants l’opportunité d’échanger plus ou moins librement sur les questions et les attentes de chacun. Constat est fait que ces assemblées retiennent ou censurent certaines prises de positions individuelles. La pièce Nocturne Démocratie  tente de contourner cet empêchement de la parole”. Tel est le texte de présentation annonçant la première de "Nocturne Démocratie" présentée par Les Gens d’Uterpan le 17 janvier 2010, au grand studio de Micadanses,  dans le cadre du Festival Faits d’Hiver.  Annie Vigier et Franck Apertet avaient invité une dizaine de personnes (journalistes, programmateurs, institutionnels de la danse et des arts du spectacle)  pour débattre librement en public, sans langue de bois, sous le couvert de l’anonymat. À aucun moment,  le public ne pouvait identifier les intervenants présents mais cachés. Même  leur entrée et sortie  dirigées par des guides se sont faites sous de grandes capes noires comparables à des burqas. (Source Thomas Hahn / Cassandre, n°81, printemps 2010)
"Les Gens d'Uterpan" : link

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