3 janvier 2010: Loi contre le blasphème (Irlande)

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Depuis le 1er janvier, une  loi sur la diffamation est entrée en vigueur . Au départ, elle devait simplement réactualiser le droit de la presse irlandais. Elle va en fait beaucoup plus loin.Son article 36 crée un délit de blasphème, puni d'une amende maximum de 25 000 euros. La loi s'applique à toutes les religions, pas seulement au catholicisme dominant en Irlande. Elle définit ainsi le blasphème :
« Des propos grossièrement abusifs ou insultants sur des éléments considérés comme sacrés par une religion, et choquant ainsi un nombre substantiel de fidèles de cette religion. »
La définition laisse une certaine liberté d'interprétation aux juges qui pourront tenir compte de la valeur « littéraire, artistique, politique, scientifique ou académique » des propos tenus.
L'association Atheist Ireland a donc décidé de tester leur sévérité. Elle vient de mettre en ligne une liste de 25 citations pouvant être jugées blasphématoires.
Celle de Jésus contre le judaïsme,  dans ce passage de l'évangile selon Jean :
« Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement (…). Il est menteur et le père du mensonge. » 
Celle de Benoît XVI: en 2006, le pape avait cité un empereur byzantin, selon lequel Mahomet n'avait apporté que « du mauvais et de l'inhumain ».
Celle de la chanteuse Björk : « Que les boudhistes aillent se faire foutre ! ». 
L'Irlande n'est  pas la seul État européen à punir le blasphème. C'est  un délit à part entière en Allemagne, en Espagne, au Danemark ou aux Pays-Bas. Pas en France, où les attaques contre la religion sont simplement encadrées : la loi sur la liberté de la presse punit les provocations « à la discrimination, à la haine ou à la violence » liées à l'appartenance à « une religion déterminée ». Le blasphème reste pourtant puni sur une partie du territoire : en Alsace et en Moselle. Comme l'avait admis le ministre de l'Intérieur en 2006, le décret de 1919 préservant cet héritage allemand n'a jamais été abrogé.Un texte rarement appliqué depuis, mais bien plus sévère que la nouvelle loi irlandaise : en Alsace et en Moselle, le blasphème peut être puni de trois ans de prison. (Rue89)
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