10 février 2012: Deux manifestations culturelles sur la guerre d'Algérie malvenues à Nice
Le maire de Nice, Christian Estrosi, regrette certainement de ne pouvoir interdire la représentation théâtrale Le Contraire de l'amour, adaptation du Journal (1955-1962) de Mouloud Feraoun, prévue vendredi 10 février, 18h30, à Nice CLAJ de Cimiez, (26 avenue Scudéri).
Si le colloque "Algérie 1962: pourquoi une fin si tragique?" - réunissant des historiens et universitaires comme Gilles Manceron, Jean-Pierre Peyroulou, Abdelmadjid Merdaci, Benjamin Stora, Pierre Daum... - n'avait pas lieu, au même endroit, le samedi 11 février, de 9h à 17h30, cela ne lui déplairait pas.
C'est ce que laisse entrevoir son communiqué du jeudi 9 février (AFP/Le Monde) dans lequel il s'étonne qu'une association niçoise ait pu accueillir ces deux manifestations proposées par la LDH de Nice. Il fait part de "sa totale désapprobation quant à cette démarche", précise qu'elle "ne s’inscrit en aucune manière dans le cadre ou l’esprit, de la commémoration" que sa municipalité organise et demande à la Ligue des Droits de l'Homme de "sursoir" à son projet "auquel je ne peux toutefois pas m'opposer juridiquement".
Dans un communiqué, la LDH et ses partenaires (MRAP, Attac, PCF, FSU 06, Association des pieds-noirs progressistes, etc.) se refusent à l'autocensure. Ils "ne reculeront pas devant une telle intimidation; ils ne plieront pas devant un maire qui démontre une fois de plus qu'il n'est pas le garant qu'il devrait pourtant être du pluralisme et de la démocratie". "Au nom d'une prétendue mémoire unique des Français d'Algérie, dans une démarche sans précédent, le maire de Nice s'érige en détenteur de la vérité historique", s'insurge la LDH.
Durant le colloque, les organisateurs se proposent de poser “un regard apaisé sur ce passé », mais aussi de revenir “sur le rôle de l’OAS, qui s’est opposée à toute recherche d’une solution politique, faisant de nombreuses victimes y compris chez les Européens d’Algérie". Ils estiment aussi qu’il faut “reconnaître clairement que la colonisation tournait le dos aux principes des droits de l’homme et de la devise républicaine".
L'affiche du colloque a été réalisée par Ernest-Pignon-Ernest. Né à Nice en 1942, l'artiste s'était fait internationalement remarquer en 1974 avec ses affiches dénonçant l'apartheid en Afrique du Sud et la décision du maire Jacques Médecin de jumeler la ville de Nice avec Le Cap.