12 novembre 2011:  "L'Ordre et la Morale" de Mathieu Kassovitz diffusé en France, pas en Nouvelle-Calédonie

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L'ordre et la Morale - Mathieu Kassovitz

 

Le 16 novembre 2011, L’Ordre et la Morale, dernier film de Mathieu Kassovitz sortira en France, mais pas en Nouvelle-Calédonie. Douglas Hickson, propriétaire à Nouméa de Cinécity (complexe de 12 salles) et unique exploitant de salles de cinéma de Nouvelle-Calédonie, a refusé de diffuser le film, qu'il juge "trop polémique et très caricatural", l'accusant de "rouvrir des plaies cicatrisées". En 1997, le même diffuseur avait refusé de programmer Les Médiateurs du Pacifique, documentaire de Charles Belmont, qui retrace les coulisses des accords de Matignon (1988).

L’Ordre et la Morale reconstitue l'attaque, le 22 avril 1988, de la gendarmerie de Fayaoué sur l’île d’Ouvéa, et ses suites. Quatre gendarmes sont tués, vingt-sept sont pris en otage et séparés en deux groupes. Ceux du premier groupe, emmenés à Mouli, seront libérés trois jours plus tard; ceux  du second groupe, 16 gendarmes, sont emmenés dans la grotte de Gossanah. Le 5 mai 1988, à la veille du second tour de l'élection présidentielle, l'armée française et le GIGN  donnent l'assaut à la grotte: il se conclut par la mort de 2 militaires et de 19 indépendantistes kanaks. 

Dans Sud-Ouest (12-11-2011), Mathieu Kassovitz explique que le scénario de son film a été écrit à partir d'"une enquête faite par la Ligue des Droits de l'homme, qui raconte l'histoire minute par minute" et du livre La Morale et l’Action de Philippe Legorjus, alors patron du GIGN, qu'il incarne à l’écran. 

 

Si  L’Ordre et la Morale suscite l'opposition de certains membres de la droite anti-indépendantiste, il soulève aussi la controverse dans les rangs du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), dont le rôle dans le drame d’Ouvéa serait mis cause. "C’est une décision sage de la famille Hickson", a ainsi déclaré Roch Wamytan, président indépendantiste du Congrès : "Le film, a-t-il dit, n’arrête pas de dire que le FLNKS est responsable de l’assaut à Ouvéa, c’est faux. À l’époque, il n’y avait plus aucun contact entre le FLNKS et Alphonse Dianou" (le chef du commando kanak). (Le Monde, 23-10-2011).

Le film n'ayant pu être tourné à Ouvéa, l'a été sur la petite île d'Anaa en Polynésie française. L'armée ayant décliné tout soutien pour les scènes d'action, les décorateurs ont dû reconstituer des hélicoptères Puma, des blindés en bois. Les rôles des Kanaks sont tenus par des amateurs. Parmi eux,  on notera la présence de Macky Wéa: il incarne son frère, Djubelly Wéa, qui, un an après Ouvéa, assassina, en 1989, le leader indépendantiste, Jean-Marie Tjibaou.

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