17 janvier 2012 : Bouygues demande 9 millions d'euros au Canard enchaîné
Dans l'histoire de la presse française, depuis la loi de 1881, c'est certainement la plus grosse somme d'argent réclamée à un journal dans un procès pour diffamation. Le 18 janvier 2012, devant le TGI de Paris, Martin Bouygues va demander 9 millions d'euros à l'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" pour avoir révélé dans son édition du 7 décembre 2011 qu'une information judiciaire avait été ouverte en février 2011 pour "corruption" et "favoritisme": elle vise les conditions d'attribution à Bouygues du marché de construction du nouveau ministère de la Défense (3,5 milliards d'euros). Chargé de construire ce nouveau complexe, Bouygues sera responsable de son équipement et de son entretien pendant vingt-sept ans. En contrepartie, l'État lui versera une redevance annuelle de 132 millions d'euros. Malgré un appel d'offres européen, Bouygues, Eiffage, Vinci avaient été les seuls candidats.
"Que cherche l'entreprise ? La mort du journal ? (...) La volonté d'intimidation contre la presse est manifeste. Bouygues vise à dissuader les journaux de reprendre l'information l'incriminant" a déclaré Reporters sans frontières (RSF).
9 millions d'euros , c'est presque un tiers du chiffres d'affaires annuel du "Canard"; c'est presque un septième du prix du yacht - "Bâton rouge", 62,5 mètres de long - acheté par Bouygues en septembre 2010. (Le Canard enchainé, 04-01-2012)