20 décembre 2011: Une exposition et deux essais sur la censure
Jusqu'au 9 janvier 2012, la Bibliothèque publique d'informations (BPI), la Bibliothèque francophone multimédia de Limoges (BFM) et l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) proposent au Centre Pompidou l'exposition "Éditeurs, les lois du métier". Un survol synthétique des rapports des éditeurs français avec la censure, de la fin de la Seconde guerre mondiale à nos jours. Présentation des grandes figures (Maurice Girodias, Jean-Jacques Pauvert, Claude Tchou, François Maspero, Jérôme Lindon), retour sur des affaires marquantes et des thèmes problématiques (religion, bandes dessinées, sexualité, décolonisation...).
Pas de catalogue, mais un site internet très bien fait. En espérant qu'il restera longtemps en ligne... À noter, deux entretiens : l'un avec Bernard Joubert, incontournable auteur du "Dictionnaire des livres et journaux interdits", Prix Tartuffe 2007, l'autre avec Agnès Tricoire, avocate, membre de la Ligue des Droits de l'Homme, initiatrice et déléguée de l'Observatoire de la liberté de création, qui analyse le "délit de fiction" à travers trois cas : Le procès de Jean-Marie Le Pen de Mathieu Lindon, Pogrom d'Eric Bénier-Bürckel, Il entrerait dans la légende de Louis Storecki). link
Pour aller plus loin, deux livres publiés cette année.
"Petit traité de la liberté de création" d'Agnès Tricoire (299 pages, La Découverte, 2011). On relira avec profit dans le chapitre 7, les dix axiomes qui, selon l'auteur, définissent la fiction, ainsi que le chapitre 8, plus que jamais d'actualité, où elle rappelle que "le délit de blasphème n'existe pas en France."
"L'art face à la censure" de Thomas Schlesser (239 pages, Beaux Arts, 2011). Dans cet ouvrage de vulgarisation, abondamment illustré, l'auteur entreprend de résumer cinq siècles d'interdits et de résistances, de la Renaissance à nos jours, en matière de peinture, sculpture, architecture. L'auteur, qui ne prétend pas à l'exhaustivité, incorpore à son sujet la photo, le cinéma, évoque le dessin de presse... Même si dans le dernier chapitre ("L'ère de la transgression permanente - l'art, une vie hors-la-loi ou une vie de passe-droit?"),Thomas Schlesser évoque l'américain Mapplethorpe, les russes Kosolapov, Blue noses ou le chinois Al Weiwei, son champ d'étude reste principalement le territoire occidental, européen, souvent français. Son livre n'a pas "la prétention d'aller dénoncer des censures lointaines pour donner des leçons de progressisme à des sociétés et des cultures que l'auteur connaît mal. Il importe d'être vigilant sur son propre terrain".