24 novembre 2010: L'affiche qui ne plait pas aux huissiers (Paris)

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Dernier étage gauche

 

Dans une décision rendue jeudi 18 novembre, la justice a débouté la Chambre Nationale des Huissiers de Justice (CNHJ) qui demandait  l'interdiction des 727 affiches du film Dernier étage gauche gauche placardées dans le métro, le paiement de la somme forfaitaire de 10.000 euros, au titre de l'article 700 du Code de Procédure Civile, ainsi que l'insertion d'une mention dans le générique du film selon laquelle il n'existait dans l'affiche aucune incitation à la violence.
Sorti mercredi 17 novembre, le film  d'Angelo Cianci raconte l'histoire d'un huissier pris en otage, au 7ème étage d'un tour HLM, un 11 septembre. L'affiche montre un homme baillonné dans une baignoire avec en sous-titre:  Cité Villon, on sait recevoir les huissiers... ce qui, selon les plaignants, porterait "atteinte à l’intégrité physique des huissiers de justice" .
Le tribunal de grande instance de Paris a rejeté toutes les demandes de la CNHJ considérant que le film se présentait "comme une comédie et non comme un drame" et qu'à ce titre, il n'existait pas de "trouble illicite à l'ordre public". (Le Figaro - Le Post, 18-11)
La requête, très médiatisée, des huissiers aura peut-être amplifié la campagne publicitaire dans le métro qui n'était prévue que... du 10 au 16 novembre. Dans le classement  des 19 films sortis à Paris mercredi 17 novembre, Dernier étage gauche gauche se classe en dixième position,  ce qui n'est pas mal : loin certes du premier (Red, 36.910 spectateurs), du 2ème (No et moi, 11.781 spectateurs), même du 4ème (Mother and Child  de Rodrigo Garcia, 5.347 entrées)... mais devant Cheminots (14ème).
Comme le rappelle Les Inrocks (16-11), cette attaque en justice contre une affiche de cinéma n’est pas une première. En 2002, par exemple, L’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité française et chrétienne) avait  tenté  de faire interdire  l’affiche d’Amen de Costa-Gavras, avant même la sortie du long-métrage, y voyant une atteinte portée à l'ensemble des catholiques. L’affiche qui représentait une croix gammée mélangée à une croix catholique n’avait pas été interdite et, un an après, l’AGRIF perdait son procès pour diffamation religieuse à l’encontre de Costa-Gavras, du producteur Jérôme Seydoux et du concepteur de l’affiche Oliveiro Toscani. Le tribunal avait jugé que les chrétiens d'aujourd'hui n’étaient pas visés par "l'éventuelle imputation diffamatoire". link

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