8 novembre 2011:  Un incendie criminel détruit le siège de Charlie Hebdo, le  site internet de l'hebdomadaire est piraté (Paris)

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Charlie Hebdo N° 1011

 

La rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, a été détruite mercredi 2 novembre, vers 1h du matin, probablement suite au  jet d'un "cocktail molotov". L'incendie n'a fait aucun blessé (AFP, 2-11).
Le jour même, sortait dans les kiosques le n°1011 (16 pages) largement inspiré par la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie et l'annonce de l'instauration de la charia en Lybie. Pour l'occasion, Mahomet était le rédacteur en chef de ce numéro, sous-titré "Charia Hebdo" et promettait "100 coups de fouets si vous n'êtes pas morts de rire". En page 6, Charb illustrait la manifestation du 29 octobre des catholiques conservateurs contre la pièce de Castellucci. Jean-Yves Camus analysait la composition de la procession-cortège et titrait son article: "Cathos et musulmans intégristes, main dans la main."
"En raison du jour férié de la Toussaint, nous avions bouclé exceptionnellement ce numéro dimanche et nous avions transmis le lendemain une newsletter aux journalistes pour annoncer une partie de son contenu. Certains d'entre eux ont tweeté la une du journal qui s'est très vite répandue sur les réseaux sociaux. À partir de là, on a reçu beaucoup de menaces anonymes" explique Sylvie Coma. Des protestations ont commencé à circuler sur Twitter sur le thème "cette couverture est une insulte". Certains suggéraient même d'acheter le journal pour le brûler. "Les gens se sont enflammés pour un journal dont ils ne connaissaient pas le contenu", s'étonne Charb (Le Monde 2-11).
Mercredi matin vers 7 heures 30, le site de l'hebdomadaire renvoyait à une page montrant La Mecque avec ce slogan: "Not god but Allah" (pas d'autre Dieu qu'Allah). Le piratage était revendiqué  par  Akincilar,  un groupe de hackers turcs qui s'est donné pour "mission" de lutter contre tous les sites qui attaquent "nos croyances et nos valeurs morales et qui proposent des contenus pornographiques et satanistes". Le groupe de hackers affirme n'avoir "rien à voir avec l'agression au cocktail Molotov" des locaux de Charlie Hebdo. "Nous ne soutenons pas du tout ce type d'attaque perpétrée avec violence", conclut-il. (Nouvel Obs, 3-11)

Toute la classe politique - Front national compris - a dénoncé l'incendie volontaire du siège de l'hebdomadaire. Le premier ministre a demandé au ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, que "toute la lumière soit faite" et que "les auteurs soient poursuivis". Le ministre de l'intérieur s'est rendu sur place, 62 boulevard Davout, et a déclaré "qu'on aime ou qu'on n'aime pas Charlie Hebdo, tout le monde, tous les Français doivent se sentir ce matin solidaires d'un journal qui exprime par son existence et par sa façon d'être, la liberté de la presse." Il a dit faire "une très nette distinction entre ceux qui vivent leur foi de façon paisible et ceux qui veulent faire de l'islam un élément de conquête, d'impérialisme intellectuel à l'égard de la société, et, pour certains d'entre eux encore, se livrent à des agressions." (AFP, 2-11) À propos des "intégristes chrétiens", il a déclaré : «Les intégristes chrétiens, comme vous les qualifiez, protestent, ils expriment aussi des opinions, il ne brûlent pas.» (Rue 89, 2-11) 

La majorité des médias a exprimé sa solidarité avec l'hebdomadaire. Les dessinateurs ont manifesté leur soutien par de nombreux dessins. link

Plusieurs journaux ont proposé d'accueillir la rédaction, à la rue. Dès mercredi après-midi, toute l'équipe était hébergée dans les locaux de Libération et se mettait au travail. Le lendemain, Charlie Hebdo faisait la Une de Libération avec un dessin de Catherine montrant un Sarkozy en colère s'exclamant : «Après la Grèce, sauver Charlie... Quinquennat de merde ! » À l'intérieur,  une double page de 25 dessins réalisés à chaud, démontrait que Charlie Hebdo est en pleine forme, voire "pète le feu".
Le numéro 1012 de Charlie Hebdo  sortira dans les kiosques, mercredi 9 novembre 2011.

 

Charlie Hebdo N° 1012

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