12 octobre 2011: Laïcité en Tunisie ? Inch'Allah !

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Persepolis - Ni Allah, ni maître

Alors que les élections à l'assemblée constituante approchent (23 octobre), la tension monte entre islamistes et laïcs tunisiens. Dimanche 9 octobre 2011, le siège de la télévision privée tunisienne Nessma a été assailli par près de 300 salafistes, qui menaçaient de brûler les locaux et de tuer des journalistes, suite à la diffusion du film d'animation franco-iranien "Persepolis" et d'un débat sur l'intégrisme religieux. Une séquence du film de Marjane Sartrapi et Vincent Paronnaud - Prix du jury au festival de Cannes en 2007 -  avait été jugée particulièrement blasphématoire par les manifestants: celle où l’héroïne du film imagine Dieu, représenté en vieil homme barbu. Cette attaque menée par des intégristes intervient au lendemain de l'invasion par des hommes armés de la faculté de lettres de Sousse, après le refus d'inscription d'une étudiante en niqab, conformément aux directives gouvernementales. Mardi 11 octobre, Nebil Karoui, président de  Nessma, a présenté ses “excuses”, affirmant que la diffusion de la séquence, qui l'avait choqué lui-aussi,  était "une faute" (AFP - Le Monde - Le Nouvel Obs, 10 et 11-10-2011)

Pour mémoire, en mai 2011, la cinéaste tunisienne Nadia El Fani avait été menacée de mort parce qu'athée. Elle est la réalisatrice du documentaire "Ni Allah ni maître", tourné  en 2010, avant la chute de Ben Ali. Autorisée à tourner en Tunisie parce qu'officiellement il s'agissait d'un film sur les fêtes du ramadan, elle montre des "résistants au ramadan", ceux qui mangent pendant la journée ou boivent de l'alcool en cachette (Rue89, 09-05-2011). Le 26 juin 2011, à Tunis, le cinéma Afric'Art, où était projeté le film, était attaqué par des salafistes au cri de "La Tunisie est un État islamique". Suite à la polémique, Nadia El Fani changeait le titre de son film,  sorti en France le 21 septembre 2011 sous le nom: "Laïcité, inch'Allah".
En avril 2011, le réalisateur Nouri Bouzid  avait été frappé à la tête avec une barre de fer peu après avoir appelé à l’inscription de la laïcité dans la Constitution (Jeune Afrique, 06-07-2011).

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